Conception générative : allier intuition humaine et intelligence artificielle

Geneviève Masson, ing., Ph.D.
Directrice – Unité d’affaires Ingénierie et développement de produits, Merkur
Ingénieure en génie mécanique, titulaire d’un doctorat de l’Université de Sherbrooke, possède 20 ans d’expérience en recherche et développement ainsi qu’en développement de produits. Passionnée par l’optimisation des systèmes, elle intègre des solutions innovantes pour relever les défis techniques et améliorer l’efficacité des processus.

Et si le rôle d’un concepteur ne consistait plus à dessiner une pièce, mais à poser les bonnes conditions?

En développement de produits, certaines innovations s’imposent lentement, jusqu’au moment où leur accès devient suffisamment simple pour transformer les pratiques. C’est exactement ce que l’on vit actuellement avec la conception générative, cette approche propulsée par l’intelligence artificielle qui permet de concevoir plus vite, plus léger et plus intelligemment, en se concentrant uniquement sur l’essentiel. 

Chez Merkur, on s’y intéresse depuis un bon moment. Pas parce que c’est à la mode, mais parce que ça fonctionne. Et que de plus en plus de PME québécoises peuvent aujourd’hui envisager de l’intégrer à leur processus, à condition de le faire au bon moment, sur le bon projet, et avec la bonne approche. 

Concevoir moins, concevoir mieux

Le generative design transforme la manière dont on aborde la conception. Il ne s’agit plus de dessiner une pièce en partant d’une idée fixe, mais plutôt de définir un ensemble de paramètres, comme les points de fixation ou les efforts mécaniques, puis de laisser l’intelligence artificielle explorer l’ensemble des solutions possibles. 

L’algorithme évalue, affine, élimine ce qui est superflu, et propose une forme finale qui respecte toutes les contraintes définies. 

Cette approche permet de créer des pièces allégées, optimisées, souvent caractérisées par des géométries organiques, conçues pour maximiser la performance tout en réduisant la matière utilisée. 

Cela dit, la technologie ne remplace pas le concepteur ni l’ingénieur : elle lui offre au contraire de nouveaux leviers. C’est à ces derniers de poser les bonnes balises, d’interpréter les propositions générées et de faire les choix finaux. L’humain demeure au cœur de la démarche.  

De la recherche à l’atelier : le generative design se démocratise

Longtemps réservée aux grandes entreprises et aux laboratoires de recherche, la conception générative est en train de devenir une solution concrète pour les PME, notamment grâce : 

  • À l’amélioration des logiciels accessibles comme Fusion 360 ou nTop  ;
  • À l’émergence de partenaires locaux (Investissement Québec – CRIQ, ÉTS, Rio Tinto, etc.) capables d’imprimer des pièces métalliques optimisées ;
  • À la réduction des coûts de prototypage, surtout quand les volumes sont petits ou uniques.

En parallèle, les enjeux de performance, de poids et de réduction de matière sont plus présents que jamais, que ce soit dans les transports, les équipements sportifs, ou les produits industriels complexes. Pour les entreprises qui cherchent à réduire leur empreinte, améliorer leur compétitivité ou simplifier leurs chaînes de production, le moment est bien choisi. 

Structurer l’adoption : nos repères pour bien démarrer

La conception générative n’est pas un « bouton magique ». Pour qu’elle devienne une alliée, elle doit s’intégrer dans une démarche structurée. Voici les quatre leviers que nous privilégions chez Merkur pour accompagner son intégration : 

1. Identifier le bon projet

Tout commence par le bon point d’entrée. Une pièce à faible volume, coûteuse à usiner, sensible au poids ou difficile à modifier est souvent un bon candidat. 

Dans certains cas, il s’agit de remplacer une pièce cassée difficile à reproduire. Dans d’autres, de produire un outillage unique pour un besoin ponctuel, sans investir dans un moule traditionnel. 

L’essentiel est de viser un premier cas concret, où le ROI est tangible et atteignable. 

2. Tenir compte du procédé de fabrication

Certaines formes issues du generative design sont inimaginables sans impression 3D. Pour les pièces très complexes, c’est souvent le seul moyen de les produire. L’impression 3D métallique devient alors un incontournable. 

Mais on peut aussi orienter l’algorithme : lui préciser qu’on souhaite usiner, forger, ou mouler la pièce. L’outil s’adapte. On perd un peu en optimisation, mais on gagne en faisabilité et en temps. Le tout est de savoir l’exprimer. 

3. Ne pas sous-estimer la courbe d’apprentissage

Bien que les interfaces soient de plus en plus conviviales, la logique de conception change. Il faut se familiariser avec de nouveaux outils, mais aussi apprendre à penser autrement : on ne dessine plus une forme, on définit des contraintes et conditions.  

Cela demande un accompagnement. Formations ciblées, projet pilote avec un expert, ou collaboration avec un centre de recherche: plusieurs voies sont possibles, à condition de planifier cette montée en compétence. 

4. Accepter que la meilleure solution ne soit pas celle qu’on avait imaginée

Le generative design bouleverse parfois les habitudes. Il propose des formes qu’on n’aurait jamais osé dessiner. Et c’est précisément là qu’il est puissant. L’enjeu n’est pas de valider une intuition, mais de découvrir des solutions nouvelles — souvent plus performantes, plus sobres, plus pertinentes. 

Cela demande une certaine ouverture. Une volonté de tester. Et une capacité à sortir du cadre. 

Conclusion : un pas vers une ingénierie augmentée

Chez Merkur, on croit que la conception générative a un rôle à jouer dans le futur de l’ingénierie québécoise. Pas en remplaçant l’humain, mais en le libérant de certaines limites. En lui donnant les moyens de concevoir avec plus de finesse, de vitesse, et de justesse, tout en gardant la maîtrise. 

Pour les PME, c’est une opportunité concrète d’innover autrement, de concevoir plus efficacement, et de se doter d’un levier technologique qui peut faire la différence. 

Vous hésitez à vous lancer? Vous avez un projet ou une pièce en tête? 
Nos équipes peuvent vous aider à faire les bons choix et à structurer une démarche qui tient la route : contactez-nous dès maintenant ! 

Parce que parfois, la meilleure façon d’innover, c’est de repenser comment on conçoit. 

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